rebirth

Publié le par le lézard


 

Préface de « Nouvelles » (‘Nine stories’) de J.D. SALINGER par J-L. CURTIS :

« Ces trois journées d’un gosse perdu à New York, vous avez deviné qu’elles sont une quête. Une quête de la vérité, ou de la joie, ou des raisons de vivre, par un être jeune, encore à demi plongé dans l’enfance, et que le monde effraie. »

« Tout se passe comme si, pour la plupart des êtres, entre la fin de l’adolescence et le commencement de l’âge adulte, quelque chose était irrémédiablement perdu : une certaine qualité morale. Car l’enfance n’est pas le temps de la gentillesse, de la facilité, des sourires, mais bien plutôt celui de la rigueur, de l’intransigeance, de la non-compromission. L’enfance n’est pas nécessairement, et même chez Salinger, elle n’est jamais, un ‘vert paradis’ ; elle est un domaine spirituel d’où l’on a été exclu, un langage qu’on a oublié, ou dont on a perdu la clef ; et cette frustration est ressentie comme une souffrance, elle est la source d’une lancinante nostalgie. Les jeunes gens parviennent quelque fois à garder un lien avec l’enfance : sûr critère de valeur humaine. »

« L’angoisse de se sentir exister à la lisière de deux états biologiques, de deux structures mentales, et d’être, parmi les adultes bornés, un phénomène d’enfance et de génie ? Peut être une telle angoisse appelle t elle à la mort ? »

 

 

Je me demande parfois si l’enfance n’arrive pas un peu tôt dans la vie. J’ai parfois la sensation que je n’étais pas prêt à être un enfant, simplement un enfant, ou en tout cas à être, à faire ce que l’on attend généralement d’un enfant, et que cette enfance je n’en ai pas profité parce que sans doute elle me faisait peur. Je me la suis réappropriée progressivement mais bien plus tard dans la vie, après l’adolescence même, ou vers la fin de l’adolescence, ça dépend finalement de ce que l’on appelle l’adolescence. Longtemps j’ai regretté de ne pas avoir vécu pleinement mon enfance. Maintenant je me rends compte que je n’ai pas de regrets à avoir. Et même je n’en ai plus. Je ne considère pas l’enfance comme un paradis (référence au vert paradis de Baudelaire) et donc mon enfance ne doit pas être prétexte à de doux regrets et à un certain attendrissement qui flirterait presque avec de l’apitoiement. Car l’enfance n’est pas, il me semble, le temps de la gentillesse, des sourires, de la facilité. Au contraire. Peut-être que c’est une quête. Et même une quête pénible qui, comme toute quête, comporte de très nombreux obstacles toujours prêts à nous faire trébucher. Le besoin de croire au paradis sur terre est grand. Mais même le paradis que l’on a tendance à vouloir attribuer à l’enfance est faux. Peut-être même que la naïveté que l’on attribue généralement à l’enfance n’existe que dans notre imaginaire collectif. Et peut-être que les enfants ne sont absolument pas naïfs. Finalement je pense même au contraire que la plupart des enfants sont bien moins naïfs que leurs aînés. Et je ne suis pas sûr que ce soit une chance car cette fine et juste capacité de perception du monde qui entoure les enfants leur est offerte bien tôt dans la vie. Bien avant qu’ils ne se soient forgés les armes qui leur permettraient de s’en protéger. En fait en grandissant on finit par oublier certaines réalités du monde qui nous entoure. Et ça nous soulage en quelque sorte. Moi je pense pourtant que l’ordre des choses devrait être inversé. Je ne sais pas si j’ai tort ou si j’ai raison. En tout cas je ne me suis jamais senti aussi enfant que depuis quelques temps. Et maintenant c’est agréable. Et il me semble que je suis prêt à l’être. Je suis armé. J’ai remarqué bien souvent que les enfants de parents qui ont une vie (ou qui ont eu une vie) un peu marginale, un peu décalée, ont une enfance paradoxalement très équilibrée (parfois même à l’excès mais ça c’est affaire d’appréciation personnelle je crois). Enfin en tout cas une vie décalée n’est absolument pas synonyme de déni d’éducation ou de laxisme. Au contraire on assiste souvent à une approche de l’éducation différente de celle que j’ai connue. Non pas que je remette en cause celle que j’ai reçue. Mais je constate simplement qu’il y a des voies alternatives qui semblent efficaces et incroyablement humaines. Une approche de l’éducation axée sur la découverte, la stimulation de la curiosité et du rêve, la confiance. Tentant dans la mesure du possible de trouver une alternative à la politique des interdits et des obligations. Une éducation misant sur le dialogue, l’intercompréhension et la tolérance. J’ai plusieurs amis ou connaissances qui ont des enfants, d’âges différents, que je connais un peu ou pour certains que j’ai seulement aperçus ou croisés. Ces amis ont pour la plupart un mode de vie singulier, des choix de vie différents de ceux auxquels j’ai été confronté. J’ai envie de demander à ces enfants, à Brandi (qui est née sur l’île de la Réunion puis qui a grandit en France pendant près de 10 ans et qui va retourner sur l’île de la réunion avec son papa, sa maman et son petit frère à partir du mois d’août 2007 pour y vivre), à Manon (qui a beaucoup voyagé avec son papa qui a monté une association et essaie de vivre de sa passion, la musique Dub et qui produit différents artistes musicaux mais aussi des conteurs africains et qui édite un fanzine sur la culture Dub et tout cela marche finalement plutôt bien) et enfin à Julien (que je connais moins, mais qui si je ne me trompe pas, a une maman qui a ou en tout cas qui a eu une vie très marginale), voilà j’ai envie de leur demander comment ils ont vécu leur enfance, ce qu’ils en retiennent, comment ils la vivent encore aujourd’hui, si la vie leur semble facile, s’ils ne s’ennuient jamais, s’ils savent ce qui leur plait et ce qui ne leur plait pas dans ce qu’ils ont vécu. Tout cela est encore en construction dans ma tête mais en confrontant les récits de ces enfants à ma propre expérience d’enfant (qu’il va falloir que je découvre un peu par le biais de mes parents ou grands parent parce que je me rends compte que je ne me rappelle pas de grand-chose en fait de mon enfance) je veux essayer de construire un récit documentaire.

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