réminiscence : teuf les lézards libres

Publié le par le lézard

Samedi 07 octobre, vers 21 heures, j’envoie un texto à Quentin, étudiant également en M1 documentaire de création à Angoulême. Je lui demande dans ce message s’il y a du monde motivé pour aller boire un verre en ville. Quelques instants plus tard je reçois une réponse de Quentin me proposant de les rejoindre chez lui où il boit un verre avec Pierre également en Master 1 avec nous. Ma copine étant venue de Rennes vendredi soir afin de me faire une surprise, je précise à Quentin que je serai accompagné et je lui demande son adresse. Puis nous nous préparons à sortir et vers 22h30 nous nous garons en ville et cherchons la rue de Genève tel que nous avait indiqué Quentin. Nous voici en bas du 7 rue de Genève. Nous sonnons, attendons un peu et apercevons alors Quentin à la fenêtre nous jetant les clés de sa porte. Nous entrons dans son appartement puis on s’installe et j’ouvre les bières que j’avais amenées. Quelques discussions plus tard nous en venons à parler des problèmes de voisinage que rencontre Quentin. Et en effet nous entendions, au moment où l’on en parlait, la musique de son voisin de dessus. Nous nous apercevons alors, ma copine et moi, que la musique en question n’était autre que du « son », en d’autres termes de la musique techno (hardtek pour être précis). Un peu curieux mais aussi pour leur faire comprendre qu’ils poussent le volume un peu fort nous décidons avec Quentin de nous inviter chez son voisin. Nous nous y rendons tous les 4 et découvrons une dizaine de jeunes d’une petite vingtaine d’années. La musique, effectivement de la hardtek, provient de deux enceintes amplifiées d’environ 200 à 300 watts chacune. Nous discutons un peu, leur expliquons qu’ils abusent un peu pour le bruit puis nous apprenons qu’il y a une soirée techno au Mars Attack. Ils nous proposent alors de les accompagner et comme nous en avions entendu parler, par curiosité, Pierre, ma copine (Claire) et moi, acceptons leur invitation tandis que Quentin la décline. Nous nous rendons alors au Mars Attack. 2 euros pour l’entrée et une pression au bar plus tard nous voici dans les lieux. La musique n’est pas transcendante enfin en tout cas ce la qualité n’est pas constante mais l’ambiance est plutôt sympa et c’est assez agréable d’avoir un lieu et des soirées de ce type dans le centre ville. Nous dansons un peu, discutons à gauche, à droite et je reconnais à proximité de l’entrée 4 ou 5 personnes qui sont en Master 2. Nous allons les saluer puis discuter un moment avec eux. Enfin, peu après, j’aperçois au fond de la salle un visage qui m’est familier. Après un instant d’hésitations je fini par être certain de le reconnaître : c’est Steph un ami qui fait de la musique et que j’ai rencontré il y a quelques années sur des festivals. Il tenait alors un stand de colliers et de bracelets et nous avons fait quelques bonnes soirées ensemble sur Poitiers avec d’autres amis déballeurs. Nous rigolons un moment de la situation puis échangeons quelques mots afin de savoir un peu ou nous en sommes l’un et l’autre car nous nous étions perdus de vue depuis quelques mois à cause de changements de numéros de téléphone. Il m’annonce qu’il y a une after après la fermeture du bar et que 3 rendez-vous sont organisés sur le parking du magasin La Roche Bobois à Fléac, à environ 5 km d’Angoulême. Nous décidons de nous y rendre. Pierre me demande s’il peut se joindre à nous ainsi que Maël en M2. Comme je n’y vois pas d’inconvénient, nous partons tous les quatre dans la voiture de mon amie vers 1h du matin, à la fermeture du Mars Attack. Préférant que nous prenions ma voiture (ma copine n’a pas l’habitude de suivre un convoi et de conduire dans les chemins et nous devions en plus récupérer dans ma voiture des bouteilles d’eau, du papier toilette ainsi qu’une lampe de poche) nous remontons vers Basseau et changeons de voiture. Nous arrivons à Fléac vers 1h35 mais il n’y a pas un seul véhicule sur le parking indiqué comme point de ralliement. Guidé par mon instinct je décide de suivre un véhicule utilitaire rouge qui roule devant nous à vive allure. J’avais la sensation qu’il pouvait s’y rendre car à l’intérieur semblait se trouver plusieurs jeunes d’une vingtaine d’années. C’est souvent comme ça que ça se passe en fait. On ne sait jamais vraiment à l’avance ou on va. Et il faut se démener un peu pour trouver le lieu. Ça fait partie du jeu je crois. Et cette partie de l’aventure est un moment très agréable car c’est en quelque sorte un jeu de piste qui nous permet de nous transposer dans la peau d’aventuriers. Je suis donc le véhicule rouge. Celui-ci emprunte de nombreuses petites routes, roule de plus en plus vite, nous sème, puis nous le retrouvons. Mais après une dizaine de kilomètres environ nous décidons d’abandonner la course. Il semble essayer de nous semer. Peut être ne s’y rendait-il pas. Peut être que nous lui avons fait peur. Il y a toujours beaucoup de méfiance à cause de la répression. Nous faisons demi-tour et essayons de retrouver la route de Fléac. Une fois celle-ci retrouvée nous empruntons une autre route que celle ou avait tourné le véhicule rouge puis apercevons un petit convoi de quatre véhicules. Toujours à l’instinct nous décidons de les suivre. Je me trouve alors derrière un gros 4x4 Jeep immatriculé 41. Blois. Ceci me conforte dans l’idée que ces véhicules se rendent probablement à la soirée car la région de Blois est très dynamique sur le plan des free party. Ce ne sont, c’est vrai, que de très maigres indices. Et il peut paraître surprenant que sur la base de tels indices aussi insignifiant nous prenions des décisions quant à la route à suivre pour trouver le lieu de la soirée. Mais nous n’avons que ça. Et comme je l’ai dis précédemment c’est un véritable jeu de piste. Alors nous jouons le jeu et tentons d’en trouver la solution. Enfin après une bonne dizaine de kilomètres les 3 véhicules (en fait le quatrième véhicule qui précédait le convoi a bifurqué sur une autre route) que nous suivions s’arrêtent dans un chemin de terre à proximité d’un champ. Je gare la voiture derrière le 4x4 puis je descend afin d’aller demander aux occupant des autres véhicules s’ils se rendent bien au même endroit que nous. Ils me confirment que l’on cherche la même soirée. Cette fois l’instinct s’est révélé être payant puisqu’ils y vont. Ils me précisent qu’ils attendent un coup de fil d’un ami qui va leur expliquer la suite de la route. 5 minutes plus tard je vois les autres véhicules démarrer et je sonne alors le départ en demandant à mes compagnons de route de remonter au plus vite dans la voiture. Il ne fallait pas perdre un instant afin de ne pas perdre de vue les autres véhicules. En pleine campagne il est souvent difficile de se repérer. Nous tournons et retournons dans de nombreux chemins pour finalement prendre un chemin de terre à travers des vignes. Le chemin est un peu glissant et il me faut me concentrer pour suivre les autres véhicules sans trop déraper. Finalement nous apercevons un petit bois derrière les vignes et de la lumière. Nous tentons de trouver le chemin qui nous mènera jusqu’à la lumière (cette phrase n’a au moment ou je l’écris aucune connotation religieuse ou mystique…). Nous voici enfin arrivés. Il est environ 3 heures du matin. Il y a très peu de véhicules. Nous sommes quasiment les premiers. Il faut dire que c’était particulièrement bien caché cette fois ci. Quelques jeunes nous indiquent notre chemin pour aller nous garer. Tout est fléché et des barrières de sécurité permettent de délimiter le parking. Nous faisons le fond de nos poches pour la donation et nous donnons 1 euro chacun. La donation c’est un système qui consiste à faire passer une boîte dans laquelle chacun donne librement ce qu’il veut ou ce qu’il peut afin d’aider les organisateurs à assumer financièrement le déroulement de la soirée (location de matériel, gazole pour le groupe électrogène etc.). Le terrain est assez meuble mais nous nous garons sans trop de difficultés, juste à côté du 4x4 Jeep que nous suivions. Enfin nous sortons de la voiture. C’est un moment un peu magique, celui où l’on découvre le terrain. A perte de vue des champs, des vignes. Un très beau site. Il ne fait pas chaud mais c’est la pleine lune et la nuit est très belle. Nous sommes loin de la civilisation, c’est la nature. L’air semble plus pur. Pierre n’a pas l’air très à l’aise. Il semble surjouer la réalité un peu comme pour cacher une sorte de malaise. Maël quant à lui semble être à l’aise. Nous nous aprochons du mur de son. Il n’est pas très grand mais plutôt bien réglé, le son claque. En revanche le style de musique est strictement le même qu’au Mars Attack : drum n bass et tek/hardtek. En y regardant de plus près nous réalisons que les gars qui se trouvent derrière les platines sont bel et bien les DJ qui étaient au Mars Attack. Un petit bar est ouvert à côté du son. Nous buvons une bière et restons un moment devant le son à discuter de tout. Petit à petit la musique s’accélère et le son devient un peu plus puissant. Ce n’est pas extrêmement bien mixé mais c’est dans l’ensemble plutôt sympa. Je décide d’aller discuter un peu avec les organisateurs de la soirée qui semblent se réunir dans un camion blanc stationné derrière le son. Je m’y rend et salue les gens présent. L’un d’entre eux, Guillaume, fume une clope devant le camion. Il me demande d’où je viens. Je lui répond d’Angoulême et lui retourne la question. Il vient de Poitiers. Je luis dis alors qu’il y a encore deux semaines, avant d’arriver sur Angoulême j’étais installé sur Poitiers. Nous rigolons en pensant tous les deux, mais sans le dire, que le monde est vraiment petit en Poitou-Charentes. Enfin je pense que c’est surtout parce que l’on va dans les mêmes soirées que le monde est petit car je pense que si j’étais allé en boîte sur Angoulême ce soir là j’aurai eu grand peine à trouver quelqu’un de Poitiers et ce d’autant plus que ce week-end s’y déroulait le festival des Expressifs. Bref Guillaume me demande alors comment je trouve la ville d’Angoulême. Je lui réponds, et c’est vrai, que je ne regrette pas Poitiers car les alentours d’Angoulême sont très sauvages, très beaux, que la nature semble préservée. J’ajoute que le centre ville est plus chaleureux et que le milieu underground semble pas mal développé à Angoulême. Il me confirme tout ça et précise qu’il aime lui aussi beaucoup cette ville. Puis il me demande comment j’ai atterri à Angoulême. Je lui réponds que je suis en master de cinéma au CNBDI, sans plus de précision. Il semble connaître car il n’a pas l’air surpris, il ne pose pas de questions. Je lui précise que je travaille sur un documentaire sur les teufs. Puis je lui demande s’il fait partie des organisateurs. Il me répond que oui et je demande alors quel est le nom de leur collectif. Il me répond les Lézards Libres. Ça me plait comme nom de collectif. Je me fais cette réflexion car bien souvent les collectifs ont des noms très proches les uns des autres mais celui-ci est original.

Publié dans altertek

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P
Je profite du fait que tu m’écorches un peu relativement à ce certain « malaise » pour te proposer de décrypter les codes en teuf. C’est ça qui m’a frappé d’emblée, en fait, parmi les grappes de gens présents. Chose étonnante, les teufeurs m’ont paru graves, pas très souriants, assez farouches. Comme des loups pour qui ces rassemblements seraient très sérieux, genre trip interne, genre confrérie. Et j’avais l’alcool bavard, ce soir là. Haha, au départ ça m’a fait chaud froid.
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